De tous les arts, Sherlock Holmes préfère la musique. Et il ne s'agit pas d'une simple distraction. Il l'utilise pour réfléchir lors d'une enquête :
« La musique allemande... est davantage à mon goût que la musique française ou italienne, elle est introspective et j'ai grand besoin de m'introspecter... » (REDH).
Oui, on peut dire que Sherlock Holmes est un mélomane averti et que la musique allemande est davantage à son goût que la musique française ou italienne. C’est inscrit noir sur blanc dans le canon.
Il aime les motets de Roland de Lassus, les œuvres de Wagner, de Chopin, la musique de chambre....
Il joue lui-même du violon. Bien que les holmésiens ne s'accordent pas sur son niveau de jeu, c'est plutôt un amateur éclairé.
Watson fait allusion à son talent de violoniste : Holmes "joue bien du violon." Il a un "talent remarquable, mais excentrique comme tous ses autres talents." "Il exécutait passablement, et il composait des oeuvres qui n'étaient pas dépourvues de mérite."
Holmes semble un peu paresseux dans sa pratique de l'instrument, il peut exécuter des morceaux compliqués, toujours selon Watson : "...sur ma prière, il m’avait fait entendre des lieder de Mendelssohn et quelques autres chefs-d'oeuvre que j'aimais. Mais il faut l'en prier... il avait ensuite exécuté avec brio une série de mes airs favoris."
Il se déplace volontiers pour aller entendre un artiste : la violoniste Norman-Néruda, les frères de Reszké ou une oeuvre qui lui plaît de Wagner, de Chopin...
Oui, en plus d’être violoniste, Sherlock Holmes aime entendre la musique de chambre.
Extrait de « Une étude en rouge » :
« Il faudra faire vite. Je veux aller au concert de Hallé, cet après midi, pour entendre Norman Neruda... (...) Ses attaques et son coup d'archet sont magnifiques. Quelle est donc la petite chose de Chopin qu'elle joue si admirablement ? Tra la la lira lira lay. » (STUD)
Citons aussi Les Huguenots de Meyerbeer dans « Le chien des Baskerville » (HOUN) et « Tristan et Yseult » de Wagner dans « L'aventure du cercle rouge » (REDC).
Sherlock Holmes est un violoniste et on l’apprend assez vite. Dès le premier chapitre de ses aventures, dans « Une Etude en rouge » (mars 1881), il en prévient Watson, avant de partager un appartement avec lui :
(Holmes) - Faites-vous entrer le violon dans la catégorie des bruits fâcheux ? demanda-t-il avec anxiété.
(Watson) - Cela dépend de l'exécutant, répondis-je. Un morceau bien exécuté est un régal divin, mais s'il l'est mal !...
Dès leur installation, Watson, découvrant mieux son nouveau colocataire, s'attache à en définir les connaissances de son curieux colocataire.
Sur douze références caractéristiques, allant de la littérature au droit, en passant par la philosophie ou la boxe, il inscrit en dixième position : « Joue bien du violon. » On peut lui faire confiance, non ?
Puis, plus loin, il développe une seule de ces douze connaissances : le violon.
« J'ai déjà fait allusion à son talent de violoniste. Talent remarquable, mais excentrique comme tous ses autres talents. Qu'il pût jouer des morceaux, même des morceaux compliqués, je le savais ; car, sur ma prière, il m'avait fait entendre des lieder de Mendelssohn et quelques autres chefs-d'oeuvre que j'aimais. Mais livré à lui-même, il faisait rarement de la musique. Pendant toute la soirée, renversé dans son fauteuil, les yeux clos, il grattait négligemment l'instrument posé sur ses genoux. Les accords qu'il en tirait ainsi, sonores ou mélancoliques, fantastiques ou gais, reflétaient avec clarté les pensées qui l'obsédaient. Stimulaient-ils son esprit ? Jouait-il seulement par caprice, par fantaisie ? Je ne saurais le dire. Je me serais révolté contre ces soli exaspérants si, d'ordinaire, pour me dédommager un peu de l'épreuve à laquelle il avait mis ma patience, il n'avait ensuite exécuté avec brio une série de mes airs favoris. » (STUD)
Le Holmes mélomane est également décrit par Watson dans « la ligue des rouquins » (REDH) :
« Mon ami était un mélomane enthousiaste ; il exécutait passablement, et il composait des oeuvres qui n'étaient pas dépourvues de mérite. Tout l'après-midi, il resta assis sur son fauteuil d'orchestre ; visiblement, il jouissait du bonheur le plus parfait ; ses longs doigts minces battaient de temps en temps la mesure ; un sourire s'étalait sur son visage ; ses yeux exprimaient de la langueur et toute la poésie du rêve... Qu'ils étaient donc différents des yeux de Holmes le limier, de Holmes l'implacable, l'astucieux, de Holmes le champion des policiers ! Son singulier caractère lui permettait cette dualité. J'ai souvent pensé que sa minutie et sa pénétration représentaient une sorte de réaction de défense contre l'humeur qui le portait vers la poésie et la contemplation. L'équilibre de sa nature le faisait passer d'une langueur extrême à l'énergie la plus dévorante. Je savais bien qu'il n'était jamais si réellement formidable que certains soirs où il venait de passer des heures dans son fauteuil parmi les improvisations ou ses éditions en gothique. (...) Quand je le vis ce soir-là s'envelopper de musique à Saint-James's Hall, je sentis que de multiples désagréments se préparaient pour ceux qu'il s'était donné pour mission de pourchasser. » (REDH)