Naissance d’un détective

Arthur Conan Doyle, "père" de Sherlock Holmes
Arthur Conan Doyle, "père" de Sherlock Holmes

Ce texte est un mélange de ce que j’ai trouvé sur Wikipedia, sur le site de la sshf (societé Sherlock Holmes de France) et une grosse partie du livre de Michael Hardwick : « Guide complet de Sherlock Holmes, bibliothèque holmésienne II » de la maison d’édition « Encrage » paru en 1996.

 

 

Michael Hardwick a dit : « Sherlock Holmes et Conan Doyle sont consubstantiels (qui ont une seule et même substance). Si la musique, a-t-on souvent avancé, avait pu elle-même composer, elle aurait produit Bach. Serait-ce exagéré de prétendre que si Sherlock Holmes avait été écrivain, il aurait inventé Conan Doyle ? »

(The Man Who Was Sherlock Holmes).

 

 

 

 

Biographie exprès de Arthur Conan Doyle

 

Sir Arthur Conan Doyle, né le 22 mai 1859 à Édimbourg et mort le 7 juillet 1930 à Crowborough, dans le Sussex, est un écrivain et médecin écossais.

 

Il doit sa célébrité à ses romans mettant en scène le détective Sherlock Holmes, considérés comme une innovation majeure du roman policier, et les aventures du professeur Challenger.

 

Cet écrivain prolifique a également été l'auteur de livres de science-fiction, de romans historiques, de pièces de théâtre, de poésies et d'œuvres historiques. Conan Doyle était lié à l'écrivain J. M. Barrie.

 

A neuf ans, il entre au collège jésuite de Hodder dans le Lancashire pour y préparer son admission à la Public School de Stonyhurst.

 

Il y parvient deux ans plus tard et commence déjà à se passionner pour la littérature : Walter Scott, Jules Verne ou Macaulay.

 

Il fonde même une petite revue : Le Figaro de Stonyhurst. Toutefois, l'enseignement jésuite ne lui convient guère et lorsqu'il quitte l'école en 1875, il a complètement rejeté le christianisme, se préférant agnostique. Il passe néanmoins une année supplémentaire dans un collège jésuite de Feldkirch en Autriche pour améliorer son allemand.

 

C'est en 1876 qu'il entame ses études de médecine à la faculté d'Edimbourg.

 

Là, il rencontre deux hommes qui influenceront le choix de ses futurs héros de roman : le professeur Rutherford, dont la barbe assyrienne, la voix tonitruante et le large torse, lui inspireront le professeur George Edward Challenger (2) ; et le Dr Joseph Bell, professeur en chirurgie, dont les déductions étonnantes sur ses patients et leurs maladies firent germer l'idée d'un détective utilisant les mêmes méthodes.

 

Il a été fait Chevalier par le roi Édouard VII le 24 octobre 1902.

 

 

 

 

Ses débuts dans l’écriture

 

En commençant en mars 1886 son premier roman, le docteur Arthur Conan Doyle n’avait nullement l’intention de devenir écrivain professionnel. Cependant, plein d’idées, il bouillonnait d’énergie.

 

Toute son enfance à Edimbourg avait été bercée par les aventures de chevalerie que lui contait sa mère. Il aurait voulu écrire sur ces temps anciens, tout en se rendant compte qu’il lui faudrait d’abord apprendre le métier et acquérir la confiance que procure le fait d’être publié.

 

Il avait tout le loisir de se mettre à l’ouvrage. Après cinq ans de pratique médicale à Southsea, un faubourg de Portsmouth, il n’avait toujours que peu de patient à soigner. C’était un bon vivant, connu surtout dans son entourage comme sportif, amateur de débats, conférencier, orateur et auteur de lettres aux journaux.

 

Dès son séjour à Stonehurst, il avait écrit des textes en prose et en vers dans un journal du collègue. Par la suite, il vendit plusieurs nouvelles à « All the Year Round, London Society, Boy’s Own Paper », ainsi qu’à d’autres magazines.

 

Dans son autobiographie, « Souvenirs et aventures » en 1924, il se souvient :

« Je n’aurais pas gagné plus de dix ou quinze livres par an de cette manière, l’idée d’en faire mon gagne-pain ne m’effleura même pas. Mais ce que je ne publiais pas, je le conservais. Il me reste des carnets emplis de renseignements divers que j’ai recueilli à cette époque. C’est une grossière erreur de vouloir décharger une cargaison avant de l’avoir embarquée. Mes méthodes lentes et mes limites naturelles m’évitèrent ce danger ».

 

C’était une époque bénie pour la littérature et le journalisme populaires. Le niveau d’alphabétisation progressait rapidement en Grande-Bretagne. Adultes et enfants, prisonniers du mode de vie victorien, découvraient les bienfaits de la littérature en se précipitant sur les magazines, qui, pour six pences par semaine, ou un shilling par mois, leur procuraient amusement et évasion.

 

Jusque là, Conan Doyle n’avait réalisé qu’une percée significative, en 1883, lorsque le « Cornhill magazine » avait publié un de ses récits : la déposition de J. Habakuk Jephson. Il parut sans signature et ses qualités d’écritures firent penser à certains qu’il était dû à la plume de R.L. Stevenson. Le directeur de la publication, James Payn, versa à l’auteur dix fois plus que le tarif habituel de deux ou trois guinées et ils devinrent amis. Doyle fut ainsi introduit dans le milieu de la littérature.

 

Malgré leur amitié, Payn rejeta cinq autres textes avant d’accepter le sixième. C’est ainsi qu’en mars 1886, le docteur Conan Doyle, installé tranquillement dans son cabinet, avait l’esprit Payn et le « Cornhill » en commençant son histoire policière. Cette fois-ci, il espérait écrire un roman que le magazine sortirait en feuilleton et que, par la suite, ses éditeurs, Smith, Elder & C°, pourraient publier en volume.

 

Au XVIIIe siècle déjà, de nombreux récits étaient basés sur des éléments de crimes et d’enquêtes. Il y avait même des livres écrits par d’anciens policiers et détectives relatant des affaires qu’ils avaient traitées eux-mêmes.

 

C’est en 1841 que, grâce au Dupin d’Edgar Allan Poe, le détective était devenu un personnage central, caractérisé par son intelligence.

 

Dupin fut suivi en France par les héros d’Emile Gaboriau : le policier Lecoq et le père Tabaret, détective amateur. Le premier roman policier anglais parut en 1868 : la pierre de lune, où Wilkie Collins met en scène son perspicace sergent Cuff.

 

Doyle avait lu tous ses ouvrages. Dupin, enquêteur à l’esprit analytique et au flair instinctif avait été le héros de son enfance, même si le style de Poe était souvent assez lourd.

Lecoq était un limier obstiné qui devait la plupart de ses résultats à son intuition, sa roublardise et son sens du déguisement.

 

Les histoires de Gaboriau, bien agencées et au ton vif, comportaient beaucoup de dialogues.

 

Pour Doyle, il était possible d’oeuvrer dans ce sens. Son ingéniosité et son enthousiasme naturel ne pouvaient que renforcer son ambition. Il était presque trentenaire, mais malgré ses nombreux talents fort variés, il n’avait encore fait ses preuves dans aucun domaine.

 

« Une étude en rouge » qu’il avait pensé intituler « Tangled Skein » (« un écheveau emmêlé » ou « un sac d’embrouilles » – ndt) fut écrite rapidement en mars et avril 1886. trop rapidement car, ce petit roman – comme le qualifia sa femme – ne comportait que 50.000 mots.

 

James Payn lui trouva certaines qualités, mais considéra que le texte était trop court pour paraître en feuilleton et trop long pour une nouvelle.

 

L’humiliation devant ce refus augmenta encore les tentatives infructueuses auprès d’autres éditeurs.

 

Au bout de six mois, Doyle fini par accepter une offre qui venait d’une maison spécialisée dans « la littérature bon marché à sensation ».

 

L’offre n’était pas tentante (vingt-cinq livres de droits offerts par Ward, Lock & C°), mais bien que pauvre comme il l’était, Doyle hésita à accepter. Ce qui le freinait, ce n’était pas la modicité de la somme, mais la longueur du délai, alors que la publication du livre était censée lui ouvrir la voie.

 

Ses déceptions antérieures le poussèrent à considérer qu’il valait mieux s’assurer de la publication de son texte, même si elle était tardive.

 

Il accepta et son roman parut dans « Beeton’s Christmas Annual » de 1887. par la suite, il n’obtint pas un penny de plus.

 

Les droits d’auteurs qu’il réclamait lui furent refusés, malgré tout, Doyle – qui aurait pu chercher ailleurs de meilleurs conditions – se plia pourtant aux exigences de Ward, Lock & C° car il avait un autre projet en tête : un roman historique.

 

Il oublia donc Sherlock Holmes pour un temps et se concentra sur la guerre civile anglaise qui lui permettait de combiner la littérature et les scènes d’action et d’aventures, convenant à son esprit jeune et fougueux.

 

Pourtant, lorsque le « Beeton’s Christmas Annual » de 1887 parut à la fin du mois de novembre, il eut l’espoir de voir le succès couronner son roman policier.

 

Le titre du roman « une étude en rouge », ressortait sur la page de couverture. C’était une époque où les critiques gardaient un oeil aussi bien sur les magazines que sur les livres. Conan Doyle était sûr que sa « brochure » marcherait.

 

Si les lecteurs n’en firent pas un succès, plusieurs critiques relevèrent pourtant, brièvement mais avec bienveillance, l’ingéniosité du récit.

 

Durant l’été 1888, « une étude en rouge » sortit sous forme de livre. Épuisé, le roman fut réédité la même année dans un volume comportant quatre nouvelles d’autres auteurs.

 

Les tirages limités de ces deux premières éditions font que les rares exemplaires que l’on trouve aujourd’hui sont fort prisés par les collectionneurs.

 

Il en est de même pour le « Beeton » de 1887 : même un fac-similé, paru en 1960, est maintenant hors de prix.

 

Les chapitres d’introduction de « une étude en rouge » comportent tellement d’éléments de base caractéristiques de l’ensemble du canon, qu’ils doivent être cités sans plus de façon. Mais je ne le ferai pas ici...

 

En août 1889, au cours d'un dîner organisé par J. M. Stoddart, agent américain du « Lippincott's Monthly Magazine », Arthur Conan Doyle et Oscar Wilde sont engagés pour écrire deux histoires.

 

Wilde livre « Le Portrait de Dorian Gray » et Doyle « Le Signe des quatre », deuxième aventure du détective, qui paraît en 1890.

 

 

 

 

Couverture du "Beetons"
Couverture du "Beetons"

 

 

Naissance de Sherlock Holmes dans « Une étude en rouge » 

 

Son premier travail d'importance, « Une étude en rouge » voit la première apparition de Sherlock Holmes, personnage en partie inspiré par son ancien professeur d'université Joseph Bell, à qui Conan Doyle écrit : « C'est très certainement à vous que je dois Sherlock Holmes. Autour du noyau déduction, inférence et observation que je vous ai entendu enseigner, j'ai essayé de construire un homme ».

 

Les nouvelles de Sherlock Holmes sont publiées dans le mensuel anglais Strand Magazine. Robert Louis Stevenson a pu, même de la lointaine Samoa, reconnaître la forte similitude entre Joseph Bell et Sherlock Holmes : « mes compliments pour vos ingénieuses et intéressantes aventures de Sherlock Holmes… Peut-il s'agir de mon vieil ami Joe Bell ? ».

 

D'autres auteurs suggèrent des influences supplémentaires, par exemple le fameux personnage Auguste Dupin d'Edgar Allan Poe.

 

 

 

 

Le hiatus de Conan Doyle :

La chute et la mort de son personnage, Sherlock Holmes

 

 

En 1890, Conan Doyle étudie l'ophtalmologie à Vienne ; il emménagea à Londres en 1891 pour s'établir comme ophtalmologue.

 

Il écrivit dans son autobiographie qu'aucun patient ne franchit le seuil de sa porte.

 

Ceci lui donna plus de temps pour l'écriture, et en novembre 1891 il écrivait à sa mère : « Je réfléchis à tuer Holmes ; ... et le liquider corps et âme. Il me détourne l'esprit de meilleures choses ».

 

Sa mère lui répondit : « Faites comme bon vous semble, mais le public ne le prendra pas de gaieté de cœur ». En décembre 1893, il en fit ainsi pour consacrer plus de temps à des œuvres plus « importantes » ses romans historiques.

 

En effet, du fait du succès des Holmes, il n'a pu réellement se consacrer à sa passion pour l'histoire. Ainsi, il a attendu 14 ans avant de publier la suite de « La Compagnie Blanche », son roman préféré : Sir Nigel Loring.

 

Cependant, dépassé par son succès, et par les enjeux financiers, il va être contraint de continuer à publier les aventures de Sherlock Holmes. Mais il aborhe sa créature et ne rêve que d'y mettre un terme. Il souhaitait déjà le faire disparaître à l'issue des douze histoires composant "les aventures de Sherlock Holmes", dans "les hêtres-rouges", mais il ne le fit pas et recommença une série de douze histoires avec le détective : "mémoires de Sherlock Holmes" dont la dernière histoire se nomme "le problème final".

 

Les lecteurs n'étaient pas préparés à cela, puisque, l'histoire précédente "le traîté naval" venait de présenter un Holmes au meilleur de sa forme.

 

La majorité du demi-million d'abonnés en Grande-Bretagne et en Amérique éprouvèrent la grande déception de leur vie en ouvrant leur numéro de Noël...

 

Holmes et le professeur Moriarty font un plongeon mortel du haut des chutes du Reichenbach, près de Meiringen, Suisse, dans « Le Problème final ».

 

Les protestations de ses lecteurs, ainsi que les problèmes d'argent, le conduisirent des années plus tard à faire revenir son personnage ; Conan Doyle se remit à l'ouvrage dans « Les Aventures de la maison vide », avec l'explication que seul Moriarty était tombé mais, puisque Holmes avait d'autres dangereux ennemis, principalement l'exécuteur des basses œuvre du professeur, le colonel Sebastian Moran, il s'était débrouillé pour être temporairement « mort ».

 

Holmes en fin de compte finit par apparaître dans 56 nouvelles et 4 romans de Conan Doyle (il est apparu depuis dans de nombreux romans et histoires écrits par d'autres auteurs : les romans apocryphes qui feront l’objet d’un autre article).

Chute de Holmes et de Moriarty dans les chutes