Et non, contrairement à ce que les non-initiés pensent, Holmes n'est pas infaillible ! Loin de là, même.
Au cours de sa carrière, il fit même quelques erreurs. Et je ne vous parle pas de l'affaire avec Irène Adler, non, il y en eu d'autres.
Bon, pour certaines, ce furent des erreurs dès le départ, mais qu'il a rectifié ensuite. Malgré tout, ces petites erreurs nous prouvent combien ce détective était... humain !
Passant pour un modèle de rigueur scientifique, au point d'avoir inspiré certains enseignements délivrés dans les écoles de police, la méthode "Holmes" est loin d'avoir toujours les effets escomptés.
Et un examen, sans concession, des résultats auxquels elle mène - sur l'ensemble des années d'activités du détective - conduit à des conclusions nuancées, en rupture avec l'imag de réussite qui s'attache traditionnellement à ses exploits et avec l'autosatisfaction sans faille dont il fait preuve, parfois.
(Pierre Bayard "l'affaire du chien des Baskerville" - les éditions de minuit, p53).
Mon avis : Quoique, je ne suis pas tout à fait d'accord avec l'auteur, même si je le cite pour la bonne et simple raison qu'il omet une chose : Holmes est le premier à se traiter d'imbécile ou d'âne quand il se trompe. Il demandera même un jour à Watson de lui glisser un mot, en relation avec l'affaire qu'il vient de rater, si jamais il trouvait qu'il faisait preuve de trop grande confiance en lui.
"Watson, si jamais vous avez l'impression que je me fie un peu trop à mes facultées, ou que j'accorde à une affaire moins d'intérêt qu'elle ne le mérite, alors ayez la bonté de me chuchoter à l'oreille "Norbury !". Je vous en serai toujours infiniment reconnaissant"
(La figure jaune).
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En passant en revue les soixante oeuvres qui constituent le canon holmésien, on peut dénicher d'innombrables erreurs, illustrant toutes les faiblesses de la méthode "Holmes".
Les erreurs sont de deux types : soit Holmes se trompe - dans la conduite ou dans son raisonnement -, soit il ne parvient pas à la solution.
Attention, je ne remets pas en cause mon détetive préféré, loin de là... Mais relever ses erreurs est normal lorsque l'on veut consacrer un site à cet homme. Comme je vous l'ai déjà dit, loin de le diminuer, elles le renforcent, prouvant par là qu'il n'y a aucune méthode infaillible.
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Nous allons donc passer en revue les différentes histoires du canon dans lesquelles Holmes fait des erreurs ou des maladresses :
Un scandale en Bohême : un des tout premier texte où Holmes doit faire face à un échec cinglant et se fait complètement manipuler. Il est battu par une femme - la belle Irène Adler - qui a toujours un coup d'avance sur lui et devine tout ce qu'il va faire puisqu'elle a pris la fuite aux petites lueurs de l'aube.
Le pouce de l'ingénieur : il ne retrouve pas les criminels.
Cinq pépins d'orange : il fait preuve de négligence et le client est assassiné après s'être rendu chez Holmes. Ce dernier lui avait signifié que les assassins ne passeraient pas à l'attaque de suite.
Le pensionnaire en traitement : il a laissé un crime se commettre (d'accord, monsieur Blessington refuse son aide).
Le cycliste solitaire : il ne peut empêcher l'enlèvement de mademoiselle Violet Smith, sa cliente.
Interprète grec : là aussi, il ne peut empêcher l'enlèvement. Monsieur Melas a failli mourir et les criminels se sont échappés. Même si, on apprend plus tard qu'ils sont morts dans des circonstances troubles.
Illustre client : il ne peut éviter une attaque dirigée contre lui (même s'il a su parer la plupart des coups et qu'il a mentit en exagérant ses blessures) et il n'a pas pu empêcher le vitriolage de la figure du don Juan.
Trois-pignons : il ne voit venir ni un cambriolage, ni la destruction d'un manuscrit.
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A ces erreurs tactique, il ne faut pas oublier d'additionner un grand nombre d'erreurs de raisonnement :
Ruban moucheté : il nous avoue que sa première conclusion était "entièrement érronée".
Crinière du lion : la solution ne lui vient que grâce à un souvenir de lecture (de l'avantage d'avoir sa mansarde du savoir bien garnie). Il avoue même qu'il a "progressé de travers" tout au long de son enquête.
Homme à la lèvre tordue : il annonce à tort la mort d'un homme à sa femme, alors que ce dernier n'est pas mort, mais déguisé en mendiant, puisque c'était devenu son "métier".
Plans du Bruce-Partington : ce n'est pas le suspect attendu qui se présente dans la souricière. Il dira même à Watson qu'il peut dire de lui qu'il est un âne.
Disparition de lady Frances Carfax : il ouvre de force un cercueil sans yu trouver la personne recherchée et reconnaît "l'éclipse provisoire à laquelle peut-être sujet l'esprit le plus équilibré qu'il soit.
Un trois-quart à été perdu : il passe complètement à côté de la vérité (même si je dois lui reconnaître un coup de génie pour l'employé des télégraphes et les roues du fiacre qu'il a aspergées d'anis pour que le chien suive la trace).
La Figure jaune : il se trompe du début à la fin, au point de se référer ensuite à cette affaire comme un modèle d'erreur (voir extrait plus haut).
Ecole du prieuré : un élément majeur de l'affaire lui échappe. Une clé de l'intrigue, en plus puisqu'il n'a pas remarqué un lien de parenté entre le lord Holdernesse et son secrétaire.
Gloria-Scott : c'est tout un secret qui lui échappe.
Rituel des Musgrave : Holmes reconnaît qu'un détail important ne pourra jamais être élucidé.
Entrepreneur de Norwood : il se révèle incapable d'expliquer un indice essentiel.
Hommes dansants : ne peut éviter la mort du client et un doute persistera quant à l'auteur d'un coup de feu.
Six Napoléons : où demeure toujours obscrure la manière dont un voleur est entré en possession d'un bijou.
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Dans d'autres textes, l'indécidabilité ne concerne pas un détail de la construction de l'ensemble, mais la construction elle-même, qui, bien que satisfesante, n'interdit pas à d'autres hypothèses de coexister :
Entrepreneur de Norwood : Holmes lui même fait remarquer qu'une demi-douzaine de théories cadrent avec les faits.
Peter le Noir : il étudie plusieurs hypothèses différentes.
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Ses erreurs se produisent, dit-il, plus souvent que ne le penseraient les lecteurs (SILV).
Sa longue carrière a, naturellement, connu des échecs, si l'on en croit Watson (FIVE, SOLI, THOR), ou des affaires partiellement résolues.
"Vous m'avez déjà vu manquer mon but, reconnaît-il à Watson (THOR). J'ai été battu quatre fois : trois fois par des hommes, une fois par une femme.", ajoute-t-il en 1887 (FIVE).
"J'avais tellement l'habitude de ses succès, dit Watson en 1888, que l'hypothèse d'un échec ne m'effleurait même pas" (SCAN).
Néanmoins, l'affaire de la "Deuxième tache" (SECO) et celle de la "Figure jaune" sont deux échecs que Watson choisit de raconter (YELL).
Il échoue aussi face à Irène Adler (SCAN).
Enfin, Holmes se reproche souvent sa lenteur d'esprit.
Il se trompe presque dans l'affaire de Abbey Grange (ABBE) et suspecte un innocent du vol des plans du Bruce-Partington (BRUC).
Notre détective est en défaut au début de l'affaire de Baskerville (HOUN), dans ses premières recherches de Lady Frances Carfax (LADY), dans le début de Flamme d'argent (SILV), dans le vol de la perle des Borgia (SIXN).
Holmes commence parfois par des suppositions fausses avant de se rendre sur place (SHOS, SILV, SPEC), il tombe dans le piège lors du meurtre d'Eduardo Lucas (SECO), etc.
Holmes peut fort bien avoir été victime du raffinement excessif de sa logique et pencher un peu trop à préférer une explication bizarre alors qu'une autre, plus banale, se trouve à sa portée (SIGN).
Holmes le reconnaît lui-même, l'esprit agile qu'il possède a un inconvénient : il peut toujours concevoir des explications diverses qui rendraient cette certitude tout à fait illusoire. Il se peut après tout qu'un homme qui ait quelques connaissances particulières et des facultés non moins particulières incline à chercher.